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tique, fit des cris perçants, d’autant plus qu’il n’avait jamais vu d’âne, et qu’il n’était pas moins effrayé des longues oreilles de Jean qu’il ne l’eût été des cornes du diable ; mais il se rassura peu à peu en voyant la douceur et la tranquillité de sa monture. M. Goefle lui mit en main le flambeau à trois branches, il tira lui-même l’âne par la corde, et ils sortirent tous trois du donjon, se dirigeant vers l’écurie, en suivant, le long du préau couvert de neige, la galerie de bois, à auvent moussu, qui en faisait le tour.

En ce moment, Ulph sortait du pavillon habité par son oncle, et se dirigeait vers le donjon, portant d’une main une lanterne, de l’autre un grand panier rempli des ustensiles nécessaires pour mettre le couvert de M. l’avocat. Cette fois Ulph était aussi désireux de rentrer dans la chambre de l’ourse qu’il avait été naguère contrarié d’y entrer. C’est qu’il éprouvait cet invincible besoin de société qui s’empare d’un homme épouvanté par la solitude. Voici ce qui était arrivé à Ulph.

En vrai Suédois, Ulph était la prévenance et l’hospitalité mêmes ; mais, depuis quelques années qu’il habitait la sombre masure du Stollborg, en compagnie d’un personnage morne et sourd, le pauvre Ulph était devenu si superstitieux et si poltron, qu’après le