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l’ourse, un bel âne en vérité, tel que jamais il n’en avait vu en Suède, et d’une si honnête figure, qu’il était impossible de lui faire un mauvais accueil et de prendre sa visite en mauvaise part.

— Eh ! mon pauvre ami, lui dit en riant M. Goefle, d’où sors-tu ? Que viens-tu faire en ce pays, et que viens-tu me demander ?

Si Jean eût eu le don de la parole humaine, il eût répondu que, caché sous l’escalier, où personne n’avait eu l’idée de regarder, il avait fait un somme en attendant avec confiance le retour de son maître, mais que, ne le sentant pas revenir, et commençant à avoir grand’faim, il avait perdu patience et pris le parti de défaire la corde, qui l’attachait fort peu, pour venir demander à souper à M. Goefle.

Celui-ci devina sa pensée avec une grande perspicacité, mais ne comprit pas comment Ulph, qu’il supposait chargé de la garde de cet âne, lui avait donné pour écurie la redoutable chambre du Stollborg. Il bâtit un monde de suppositions dans sa tête. Cet animal étant une rareté dans les pays froids, le baron, qui avait un attelage de rennes, autre rareté dans cette région, trop froide pour les ânes et pas assez froide pour les rennes, y tenait probablement beaucoup, et avait dû charger les gardiens de son