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Il n’avait jamais fait cette besogne, et pourtant il allait en venir à son honneur, lorsqu’il fut interrompu par un bruit formidable partant de la chambre de l’ourse, dont les portes étaient restées ouvertes. C’était comme un hurlement âpre, éclatant, et cependant burlesque. Nils se laissa tomber à quatre pattes et trouva prudent de se cacher sous le lit, tandis que M. Goefle, l’œil écarquillé et la bouche ouverte, se demandait, sans terreur, mais avec un grand étonnement, d’où pouvait provenir un pareil chant.

— Si, comme je le crois bien, pensa-t-il, c’est quelque mauvais plaisant qui veut m’effrayer, il imite d’une singulière façon le grognement de l’ourse. C’est bien plutôt la voix de l’âne qu’il reproduit, et cela dans une rare perfection ; mais me prend-il pour un Lapon de s’imaginer que je n’aie jamais entendu braire un baudet ? — Allons, allons, Nils, dit-il en cherchant son petit laquais, il n’y a point là de magie ; allons voir ce que c’est.

Mais Nils se serait fait tuer plutôt que de bouger ou seulement de répondre ; et M. Goefle, ne sachant ce qu’il était devenu, prit le parti d’aller seul à la découverte.

Il ne fut pas peu surpris de se trouver face à face avec un véritable âne au milieu de la chambre de