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dait et se plaisait à dire qu’il n’aimait pas l’enfance, et que, si quelque chose le consolait de ne pas avoir songé au mariage en temps utile, c’était la liberté d’esprit assurée à ceux qui n’ont pas l’ennui des marmots et la responsabilité de leur avenir. Cependant la vive sensibilité dont il était doué, et que les enthousiasmes et les excitations du barreau n’avaient fait que développer à son insu, lui rendait insupportables les chagrins et les pleurs des êtres faibles, si bien que, tout en grognant contre la sottise de son petit valet, tout en se confirmant dans sa passion pour les discussions éclairées ou subtiles qui gagnent les causes quand on parle à des hommes et qui les compromettent quand on parle à des enfants, il s’efforça de consoler et de rassurer celui-ci ; il alla même jusqu’à lui promettre que, si la grande ourse se présentait à la porte de la chambre, il lui passerait son épée au travers du corps plutôt que de la laisser entrer.

M. Goefle se pardonna ce qu’il appelait son absurde condescendance en sentant un joli récit de sa soirée au Stollborg s’arranger de lui-même dans sa tête pour le divertissement de ses amis de Gevala.

Cependant Ulph ne revenait pas. Qu’il lui fallût du temps pour trouver de quoi souper dans le modeste ménage de maître Stenson, M. Goefle le concevait ;