— Mais dites donc, monsieur Goefle, pourquoi est-ce qu’on appelle la chambre de l’ourse, cette chambre-là ?
— C’est un nom comme un autre, répondit M. Goefle, qui, occupé à ranger ses papiers dans le tiroir de la table, jugea bien inutile d’expliquer le blason à M. Nils.
Cependant il s’aperçut bientôt d’un redoublement de frayeur chez l’enfant.
— Voyons, qu’est-ce que tu as ? lui dit-il avec impatience. Tu ne fais que me suivre pas à pas, et tu ne m’aides à rien ?
— C’est que j’ai peur des ours, répondit le brave Nils, et vous avez parlé de la grande ourse à Falun avec M. le pasteur. Je l’ai bien entendu !
— Moi ! j’ai parlé de la grande ourse ? Ah ! oui, c’est vrai ! Le pasteur s’occupe d’astronomie, et nous disions… Mais rassure-toi, vaillant jeune homme ! Nous parlions de la constellation de la grande ourse qui est dans le ciel.
— Ah ! elle est dans le ciel, la grande ourse ! s’écria Nils tout joyeux. Alors elle n’est pas ici ? Elle ne viendra pas dans cette chambre ?
— Non, dit en riant l’avocat. Elle est trop loin, trop haut ! Si elle voulait descendre, elle se casserait les pattes. Donc, tu n’en as plus peur ?