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Enfin Ulph poussa un soupir à faire tourner les moulins et s’écria d’un ton emphatique

— Sur l’honneur, monsieur Goefle, sur mon salut éternel, je n’ai loué ni promis cette chambre à personne ; pouvez-vous avoir une pareille idée, sachant les choses qui s’y sont passées et celles qui s’y passent encore ! Ah ! pour rien au monde, mon oncle Stenson ne voudrait consentir à vous laisser ici ! Je vais l’avertir de votre arrivée, et, puisque l’on ne vous a pas gardé votre appartement au château neuf, mon oncle vous donnera le sien au château vieux.

— C’est à quoi je ne consens pas, répondit M. Goefle ; je te défends même de lui dire que je suis là. Il saura demain que je m’y trouve on ne peut mieux : la chambre de garde est un peu petite ; c’est tout ce qu’il faut pour dormir. Celle-ci sera mon salon et mon cabinet de travail. Elle n’est pas gaie ; mais, pour trois ou quatre jours, j’y serai au moins tranquille.

— Tranquille ! s’écria Ulph, tranquille dans une chambre hantée par le diable ?

— À quoi vois-tu ça, mon ami Ulph ? dit en souriant le docteur en droit, tandis qu’au froid de l’hiver le froid de la peur s’unissait pour donner le frisson au petit Nils.