Page:Sand - L Homme de neige vol 1.djvu/32

Cette page n’a pas encore été corrigée

pauvre Loki. Tu vois bien qu’ici on babille, et rien de plus. Voyons, remue-toi ; es-tu gelé pour un reste de voyage de trois ou quatre heures, à la nuit tombée ?

— Laissez, laissez, monsieur Goefle, il est trop petit, dit Ulphilas sensible au reproche de l’avocat. Prenez à droite la première porte, mettez-vous à l’abri ; moi, je vous réponds du cheval.

— Bah ! la neige ne tombe plus. C’est une petite bourrasque qui a adouci le temps, reprit M. Goefle, qui, par profession et par goût, n’était pas moins causeur que Cristiano ; je n’ai pas eu froid du tout, et, pourvu que je mange un bon gruau et fume une bonne pipe avant de me coucher… Voyons, Nils, porte donc quelque chose là-bas, dans la chambre ; ça t’occupera, ça te réchauffera. Dors-tu déjà ? Il n’est pas plus de sept heures.

— Ah ! monsieur Goefle, dit le petit laquais en claquant des dents, il y a si longtemps qu’il fait nuit ! et moi, la nuit, j’ai toujours peur !

— Peur ! de quoi donc ? Allons, console-toi : dans cette saison-ci, les jours augmentent d’une minute et demie.

Tout en causant ainsi, M. Goefle, qui était un homme d’environ soixante ans, sec, actif et enjoué, mettait lui-même son cheval à l’écurie, tandis qu’Ul-