Page:Sand - L Homme de neige vol 1.djvu/283

Cette page n’a pas encore été corrigée

» — Certes, voilà une idée, lui répondis-je ; mais que comptes-tu faire à présent ?

» — Ce que tu voudras, répondit-il. Je suis si heureux de te retrouver et de te servir, que je suis prêt à te suivre où tu me conduiras. Je te suis plus attaché que je ne peux dire. Tu as toujours été indulgent pour moi. Tu n’étais pas riche, et tu as fait pour moi en proportion plus que les riches ; tu m’as défendu quand on m’accusait, tu m’as reproché mes égarements, mais en me peignant toujours à mes propres yeux comme capable d’en sortir. Je ne sais si tu as raison ; mais il est certain que, pour te complaire, je ferai un effort suprême, pourvu que ce soit hors de l’Italie ; car, en Italie, vois-tu, je suis perdu, déshonoré, et il faut que j’aille à l’étranger, sous un autre nom, si je veux tenter une meilleure vie.

» Guido parlait d’un air convaincu, et même il versait des larmes. Je le savais bon, et je le crus sincère. Il l’était peut-être en ce moment. À vous dire le vrai, je me suis toujours senti une grande indulgence pour ceux qui sont généreux en même temps que prodigues, et Guido, à ma connaissance, avait été plusieurs fois dans ce cas-là. C’est vous dire, monsieur Goefle, que je ne confonds pas la libéralité avec le désordre égoïste, bien que j’aie péché maintes fois sur ce dernier chef ; tant il y a que je me laissai