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sait à la hauteur de son genou. Ce n’était donc pour moi qu’une minute de répit entre le dénoûment de la pièce et celui de ma destinée.

» Je sentis qu’il ne fallait pas attendre mon salut du hasard ; je pris à terre deux burattini qui représentaient, par une singulière coïncidence avec ma situation, un bourreau et un juge, et, me serrant contre l’operante, je me levai près de lui, comme je pus ; je posai les marionnettes sur la planchette, et, au risque de crever la toile de la baraque, j’introduisis à l’impromptu une scène inattendue dans la pièce. La scène eut un succès inimaginable, et mon associé, sans se déconcerter le moins du monde, la saisit au vol, et, quoique fort à l’étroit, soutint le dialogue avec une gaieté et une présence d’esprit non moins extraordinaires.

— Merveilleuse et folle Italie ! s’écria M. Goefle : ce n’est que là vraiment que les facultés sont si fines et si soudaines !

— Celles de mon compère, reprit Christian, étaient bien plus pénétrantes encore que vous ne l’imaginez. Il m’avait reconnu, il avait compris ma situation, il était résolu à me sauver.

— Et il vous sauva ?

— Sans rien dire, et, pendant que je faisais, à sa place, au public, le discours final, il m’enfonça un