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obole pour payer l’hospitalité dangereuse que je réclamais.

D’un autre côté, mes habits déchirés et souillés de sang ne me permettaient plus de me montrer dehors. Ma blessure, — grave ou non, je n’en savais rien, — me faisait beaucoup souffrir. Je me sentais faible, et je savais bien que toute la police du royaume était déjà en émoi pour m’appréhender au corps. Couché sur une mauvaise natte, dans une petite soupente, je pleurai amèrement, non sur ma destinée, je ne me serais pas permis cette faiblesse, mais sur la brusque et irréparable rupture de mes relations avec le bon cardinal et mon aimable élève. Je sentis combien je les aimais, et je maudis la fatalité qui m’avait réduit à ensanglanter cette maison où j’avais été accueilli avec tant de confiance et de douceur.

» Mais il ne s’agissait pas de pleurer, il s’agissait de fuir. Je pensais bien à aller trouver le petit juif qui prétendait connaître mes parents ou les amis mystérieux qui veillaient sur moi, ou qui l’avaient chargé de le faire. J’ai oublié de vous dire que cet homme était venu se fixer à Naples, et que je l’avais plusieurs fois rencontré ; mais rentrer dans la ville me parut trop périlleux : écrire au juif, c’était risquer de me faire découvrir. J’y renonçai.

» Je ne vous ferai pas le récit des aventures de dé-