Page:Sand - L Homme de neige vol 1.djvu/266

Cette page n’a pas encore été corrigée

et lui arrachai l’épée qu’il voulait tirer pour se défendre.

— Misérable ! lui dis-je, je ne veux pas t’assassiner ; mais tu te battras avec moi, et tout de suite !

» Marco était faible et chétif. Je le forçai de remonter devant moi l’escalier, je le poussai dans ma chambre, dont je fermai la porte à double tour ; je pris mon épée, et, lui rendant la sienne :

» — À présent, lui dis-je, défends-toi ; tu vois bien qu’il faut quelquefois se battre avec un homme de rien !

» — Goffredi, me répondit-il en baissant la pointe de son épée, je ne veux pas me battre, et je ne me battrai pas. Je suis trop sûr de te tuer, et vraiment ce serait dommage, car tu es un brave garçon. Tu pouvais m’assassiner, et tu ne l’as pas fait. Soyons amis !…

» Confiant et sans rancune, j’allais prendre la main qu’il me tendait, lorsqu’il me porta vivement et adroitement de la main gauche un coup de stylet à la gorge. J’esquivai l’arme, qui glissa et me blessa à l’épaule. Alors je ne connus plus de frein : j’attaquai ce fourbe avec fureur et le forçai de se défendre. Nos armes étaient égales, et il avait sur moi l’avantage d’une adresse et d’une pratique dont je