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» Un autre neveu du cardinal revint de ses voyages et s’installa dans la maison. Autant le jeune Tito Villareggia était sympathique et bienveillant, autant son cousin Marco Melfi était sot, absurde, impertinent et vaniteux. Il fut désagréable à tout le monde et s’attira plusieurs duels pour son début. Il était grand ferrailleur et blessa ou tua ses adversaires sans recevoir d’égratignure, ce qui porta son outrecuidance à un excès insoutenable. Je me tins sur la réserve du mieux que je pus ; mais, un jour, poussé à bout par sa grossièreté provoquante, je lui donnai un démenti formel et lui en offris réparation les armes à la main. Il refusa, parce que je n’étais pas gentilhomme, et, s’élançant sur moi, voulut me souffleter. Je le terrassai, et le laissai sans autre mal qu’un étouffement de fureur. L’esclandre fit grand bruit. Le cardinal me donna raison tout bas, et me pria de m’en aller bien vite me cacher dans une de ses terres jusqu’à ce que Marco Melfi fût reparti pour d’autres voyages.

» L’idée de me cacher me révolta.

» — Malheureux ! me dit le cardinal, ne sais-tu pas que mon neveu est forcé à présent de te faire assassiner ?

» Le mot forcé me parut plaisant. Je répondis au cardinal que je forcerais Marco à se battre avec moi.