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mon père me fit entrer, en qualité de précepteur, chez un prince napolitain qui avait deux fils paresseux et sans intelligence, plus une fille bossue, coquette et d’humeur amoureuse. Au bout de deux mois, je demandai mon congé pour me soustraire aux œillades de cette héroïne de roman dont je ne voulais pas être le héros.

» Je trouvai à Naples un autre ami de mon père, un savant abbé, qui me plaça dans une famille moins opulente, mais beaucoup plus désagréable, et avec des élèves beaucoup plus obtus que les précédents. Leur mère, peu jeune et peu belle, me prit vite en grippe parce que je ne me faisais pas illusion sur ses charmes. Je ne me piquais pas d’une vertu farouche, je ne m’attribuais pas le droit de vouloir débuter en amour avec une déesse, je savais me contenter de beaucoup moins ; mais, la maîtresse de la maison fût-elle passable, je ne voulais pas être l’amant d’une femme qui me commandait et me payait. Je m’en allai retrouver mon savant abbé et lui conter mes ennuis. Il se prit à rire en disant :

» — C’est votre faute ; vous êtes beau garçon, et cela vous rend trop difficile.

» Je le suppliai de me faire entrer chez un veuf ou chez des orphelins. Après quelques recherches, il me déclara qu’il tenait mon affaire. Le jeune duc