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fle ; je vous ai attristé, et je ferais aussi bien de vous dire tout simplement que la pauvre Sofia n’est plus.

— Sans doute, puisque vous voilà ici. Je vois bien que vous ne l’eussiez jamais quittée ; mais connut-elle la misère avant de mourir ? Je veux tout savoir.

— Grâce au ciel, elle ne manqua jamais de rien. Je ne sais ce qui fût advenu si, toute la fortune mangée, il m’eût fallu la quitter pour lui gagner de quoi vivre ; mais ce n’est pas de cela que je m’inquiétais ; car je la voyais, malgré son air calme, dépérir rapidement.

» Au bout d’environ deux ans, elle me prit la main, un soir que nous étions assis en silence au bord du lac :

» — Cristiano, me dit-elle avec un son de voix extraordinaire, je crois que j’ai la fièvre ; tâte-moi le pouls et dis-moi ce que tu en penses ?

» C’était la première fois, depuis son malheur, qu’elle s’occupait de sa santé. Je sentis qu’elle avait une fièvre violente. Je la fis rentrer, j’appelai son médecin.

» — Elle est fort mal en effet, me dit-il ; mais qui sait si ce n’est pas une crise favorable qui s’opère ?

» Depuis son malheur, elle n’avait pas eu la fièvre.

» Je n’espérais pas. Ma mère tomba dans une profonde somnolence. Aucun remède n’opéra le moindre