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gné le français, l’allemand et un peu d’espagnol. Je sentais la nécessité d’apprendre les langues du Nord et de n’être un étranger nulle part en Europe. J’appris l’anglais, le hollandais, le suédois surtout, avec une très-grande rapidité. Ma prononciation était défectueuse, ou plutôt elle était nulle. Je m’abstenais de chercher la musique des langues que je ne pouvais entendre parler, comptant sur la justesse de mon oreille et sur la facilité naturelle que j’ai d’imiter les divers accents pour me mettre vite au courant de la pratique quand besoin serait. L’événement n’a pas démenti mes espérances. Il ne me faut pas plus de quinze jours pour parler sans accent une langue que j’ai apprise seul avec mes livres.

» En même temps que j’apprenais les langues, j’apprenais aussi le dessin et un peu de peinture, pour être à même de fixer, par quelques études de ce genre, mes souvenirs de voyage, les sites, les hautes plantes, les costumes, les monuments, tout ce qui ne peut être emporté que dans l’esprit quand la main est inhabile et contrarie le sentiment intérieur. Et puis je lisais aussi les bons écrivains, afin de m’exercer à rédiger clairement et rapidement ; car j’étais souvent choqué du style obscur et confus des livres de voyage ; si bien, monsieur Goefle, qu’à dix-huit ans j’étais tout préparé à devenir, sinon un