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de peine à retrouver quelques mots de mon ancienne langue. Le linguiste déclara que c’était un dialecte du Nord et quelque chose qui ressemblait à de l’islandais ; mais ma chevelure noire démentait un peu cette version. On renonça à savoir la vérité. Le désir de ma mère adoptive était de me faire perdre tout souvenir d’une autre patrie et d’une autre famille. Vous pensez bien qu’elle n’eut pas de peine à y parvenir.

— Encore une question, dit M. Goefle. Je ne m’intéresse à un récit qu’autant que j’en saisis bien le point de départ. Ces souvenirs qui s’effacèrent naturellement, et que d’ailleurs on s’efforça de vous faire perdre, il ne vous en reste absolument rien ?

— Il m’en reste quelque chose de si vague, que je ne saurais le distinguer d’un rêve. Je crois voir un pays bizarre, sauvage, plus grandiose encore que celui-ci.

— Un pays froid ?

— Cela, je n’en sais rien. Les enfants ne sentent guère le froid, et je n’ai jamais été frileux.

— Et quoi encore dans votre rêve ? Du soleil ou de la neige ?

— je ne sais. De grands arbres, des troupeaux ; des vaches peut-être.