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— En monnaie d’or étrangère, mais de différents pays, comme si l’inconnu eût traversé toute l’Europe et pris soin de réaliser la somme avec toute sorte de pièces, afin de dérouter les recherches et les suppositions.

» On lui objecta qu’il était pauvre ; il l’avait dit, et tout son extérieur l’annonçait. On trouvait juste qu’il fût indemnisé d’une longue route et de la peine qu’il avait prise d’exécuter ponctuellement les ordres relatifs à mon éloignement ; mais il refusa cette offre avec une obstination austère. Il disparut très-brusquement, disant, pour se soustraire aux questions, qu’il reviendrait le lendemain. Cependant il ne revint pas ; on ne l’a jamais revu, on n’a jamais entendu parler de lui, et je restai ainsi confié, ou, pour mieux dire, abandonné, grâce au ciel, aux soins de M. et madame Goffredi.

— Mais l’histoire du lac, de la fenêtre et du bateau, où diable l’avez-vous prise ?

— Attendez ! Quand j’eus cinq ou six ans (je paraissais en avoir quatre ou cinq quand je fis mon entrée à Pérouse sous le manteau de l’homme masqué), je fis une chute, et l’on me crut tué. C’était peu de chose ; mais, parmi les amis de ma famille adoptive qui venaient s’informer de moi, il se glissa un petit juif, baptisé ou non, qui faisait commerce