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où sont donc mes gants blancs ? Ouais ! par terre ? Ils y sont bien, car ils sont tout fanés. Oh ! oh ! monsieur le dormeur, vous êtes moins cérémonieux que je ne pensais, et j’ose dire maintenant que vous êtes tout à fait sans gêne. Vous égarez vos malles, ou vous ne vous donnez pas la peine de les faire décharger, et vous puisez sans façon dans celles des autres ! Ces plaisanteries-là se font entre jeunes gens, je le sais bien… Je me rappelle un certain bal, à Christiania, où je dansai toute la nuit avec les habits de ce pauvre Stangstadius, qui fut forcé de garder le lit en mon absence, et même toute la journée du lendemain, car je me laissai entraîner… Mais bah ! nous étions jeunes dans ce temps-là et je ne suis plus d’âge à permettre… aux autres… de pareilles espiègleries. Holà, holà, monsieur ! réveillez-vous et me rendez mon haut-de-chausses et mes bas de soie… Dieu me pardonne ! Que de mailles il aura fait partir en dansant, l’animal ! Et monsieur ne daigne pas ouvrir les yeux !

En faisant toutes ces réflexions coup sur coup, M. Goefle mit la main sur la défroque que Cristiano avait dépouillée la veille, et que, pressé de dormir au retour du bal, il avait laissée sur une autre chaise. La vue de la culotte râpée, de la cape vénitienne qui montrait la corde et du chapeau tyrolien à ganse fa-