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guerite répondit avec fermeté au baron qu’elle était engagée.

— Avec qui, je vous prie ? s’écria la comtesse.

— Oui, avec qui ? dit le baron d’un ton singulier, dont le calme ne parut pas de bon aloi à Marguerite.

Elle baissa les yeux et se tut, ne comprenant pas ce qui se passait dans l’esprit du persécuteur dont elle s’était cru débarrassée.

Le baron n’avait qu’une pensée, celle de la tourmenter et de la compromettre ; il voyait bien l’aversion qu’elle éprouvait pour lui, et il la lui rendait cordialement. Froidement méchant et vindicatif, il affecta de plaisanter mais, parlant assez haut pour être entendu de beaucoup d’oreilles curieuses :

— Où est donc, dit-il, cet heureux mortel à qui je dois vous disputer ? car je suis résolu à vous disputer, j’en ai le droit !

— Vous en avez le droit, s’écria Marguerite hors d’elle-même, vous, monsieur le baron ?

— Oui, moi, reprit-il avec une effrayante tranquillité de persiflage, vous le savez bien ! Voyons, où est-il, ce rival qui prétend danser avec vous à ma barbe ?

— Le voici ! répondit Cristiano perdant la tête et s’élançant vers le baron d’un air menaçant, au