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de terre sur le roman intitulé la Première Contredanse.

Mais cette contredanse ne devait pas finir selon les lois de la chorégraphie. M. Stangstadius, ayant enfin terminé le copieux repas qu’il appelait un à-compte entre le souper et le réveillon, venait de sortir de la salle du buffet. Préoccupé de quelque haute pensée mise en éveil par l’agréable travail d’une bonne digestion, il trouva le petit bal sur son chemin et le traversa sans façon, heurtant les cavaliers, qui déployaient leurs grâces à l’avant-deux, et marchant sur les petits pieds des danseuses, comme il eût marché sur des cailloux. Sa claudication prononcée formait un pas si bizarre, que tout le monde se mit à rire. La figure de la danse fut toute dérangée, et, les jeunes couples se prenant par les mains, on forma une ronde rapide et bruyante autour du chevalier de l’Étoile polaire, qui ne voulut pas être en reste de grâces, et s’efforça de sauter à contre-mesure, au grand divertissement de la compagnie ; mais, hélas ! les rires et les chants montèrent à un tel diapason, qu’on s’en aperçut dans la grande salle.

L’orchestre avait fini sa dernière ritournelle, et la jeune troupe ne s’en apercevait pas. Elle tournait toujours en chantant et en sautant autour de Stangstadius, qui se comparait à Saturne au milieu de