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— Voilà un plaisant original, dit Cristiano, une espèce de saltimbanque !

— Saltimbanque ou non, c’est un homme extraordinaire, reprit le major, et un homme de cœur, qui plus est ! Je l’ai vu à Stockholm, le mois dernier, tenir bravement tête à trois matelots ivres et furieux, l’un desquels, ayant cruellement maltraité un pauvre mousse, s’était vu arracher sa victime par Christian Waldo indigné. Une autre fois, ce Christian s’est jeté au milieu des flammes pour sauver une vieille femme, et tous les jours il donnait presque tout ce qu’il gagnait à ceux qui excitaient sa pitié. Enfin le peuple des faubourgs l’aimait tant, qu’il a été forcé de partir secrètement, dit-on, pour n’être pas porté en triomphe.

— Et aussi, dit Marguerite, pour n’être pas forcé d’ôter son masque ; car les autorités commençaient à s’inquiéter d’un inconnu si populaire, et à se demander si ce n’était pas un agent de la Russie qui débutait ainsi afin de pouvoir, en temps et lieu, fomenter quelque sédition.

— Vous croyez, dit Cristiano, que ce drôle de corps, car il paraît que c’est un drôle de corps, est un espion russe ?

— Oh ! moi, je ne le crois pas, répondit Marguerite. Je ne suis pas de ceux qui veulent que la bonté