Page:Sand - L Homme de neige vol 1.djvu/161

Cette page n’a pas encore été corrigée

Tant il y a qu’après sa mort, il ne pouvait plus se passer d’elle, et qu’il vint alors me trouver pour que j’eusse à calciner et à cristalliser madame la baronne.

— Ah ! ah ! le fameux diamant noir est votre ouvrage ?


— Vous l’avez donc vu ? N’est-ce pas que c’est un joli résultat ? Le lapidaire qui l’a taillé a donné sa langue aux chiens, ne pouvant deviner si c’était un produit de la nature ou de l’art. Il faut que je vous raconte de quelle façon j’ai opéré, et comment j’ai obtenu la transparence. J’ai pris mon corps, je l’ai enveloppé d’une nappe d’amiante à la manière des anciens, et je l’ai placé sur un brasier très-ardent, composé de bois, de houille et de bitume, le tout arrosé d’huile de naphte. Quand mon corps a été bien réduit…

Cristiano, condamné à subir le récit de la réduction et de la vitrification de madame la baronne, prit le parti de manger vite sans entendre ; mais il était rassasié avant que le professeur eût terminé sa démonstration. C’était une grave contrariété pour Cristiano, qui eût bien voulu se trouver seul avec Marguerite et sa gouvernante. La contrariété devint plus vive lorsqu’un flot de jeunes officiers de l’indelta envahit la salle,