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gera de moi, il me fera peut-être mourir ; mais je ne serai pas sa femme, je ne porterai pas son nom, je ne toucherai pas sa main ensanglantée !

— Taisez-vous, au nom du ciel, taisez-vous ! dit mademoiselle Potin, aussi pâle, aussi effrayée qu’elle. On pourrait vous entendre ! Vous avez été brave, et je vous en félicite ; mais, au fond, vous êtes peureuse, et vous voilà exaltée à vous rendre malade. Mon Dieu ! n’allez pas vous évanouir, chère enfant ! Respirez votre flacon !

— Ne crains rien, ma bonne amie, répondit Marguerite, me voilà remise. Est-ce que l’on s’est aperçu de tout cela autour de nous ? Je n’ose encore regarder personne.

— Non, Dieu merci, la ritournelle à grand fracas de l’orchestre a couvert les paroles, et toutes ces demoiselles se sont levées pour la danse. Vous voilà à peu près seule dans ce coin. N’y restez pas en vue. Évitons surtout que votre tante ne vienne vous faire une scène dans l’état où vous êtes. Sortons ; allons dans votre appartement. Donnez-moi le bras.

— Ne vous reverrai-je donc plus ? dit Cristiano avec une émotion qu’il ne put maîtriser.

— Si fait, répondit Marguerite, je veux encore vous parler ; dans une heure, vous nous retrouverez…