— Que disiez-vous donc à mon oncle ? reprit Cristiano en s’asseyant derrière son fauteuil et en baissant la voix ; il a tué sa belle-sœur ?
— On le croit.
— Moi, j’en suis sûr !
— Ah ! parce que… ?
— Parce qu’il l’aura regardée !
— Oh ! n’est-ce pas que son regard est celui d’un phoque ?
— Vous exagérez un peu, dit mademoiselle Potin, qui avait sans doute été terrifiée de son côté par quelque muette menace de la comtesse Elfride : il a l’œil fixe des gens qui ne voient pas.
— Eh ! justement, dit Cristiano ; la mort est aveugle… Mais qui donc a surnommé le baron l’homme de neige ? Le nom lui convient : il personnifie pour moi l’hiver du Spitzberg. Il m’a donné le frisson.
— Et avez-vous remarqué son tic ? dit Marguerite.
— Il a porté la main à son front comme pour en essuyer la sueur ; est-ce cela ?
— Précisément.
— Il veut peut-être faire croire qu’il sue, l’homme de neige ; mais c’est tout simplement qu’il fond.