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qui étaient généralement de bonne famille ; mais la plupart l’accueillirent fort bien et le trouvèrent charmant.

Le fait est que, comme beaucoup d’aventuriers de cette époque féconde en aventures, Cristiano était charmant. Par une particularité de type, dont il ne se rendait pas compte, il avait le genre de beauté qui devait plaire dans le pays. Il était grand, bien fait, blanc et frais de carnation, avec des yeux d’un bleu sombre, des sourcils bien marqués, d’un noir d’ébène, de même que les longs cils recourbés et la chevelure magnifique. Personne ne douta qu’il ne fût de pure race dalécarlienne, race tranchée et très-différente des autres types Scandinaves. Il avait, en outre, quelque chose de particulier qui attirait l’attention : c’était une façon d’être étrangère au pays, une suavité de langage et de manières qui sentait la fréquentation d’un monde plus civilisé ou plus artiste, et comme un parfum d’Italie et de France attaché à sa personne. Dès qu’on le sut élevé en Italie, on l’accabla de questions, et toutes ses réponses marquèrent tant de bons sens, de franchise et de gaieté, qu’au bout d’un quart d’heure de babil toutes ces jeunes têtes raffolaient de lui. Sans être fat, Cristiano n’en fut pas surpris. Il avait été, en d’autres temps, habitué à plaire, et, en voulant, à tout