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— Je ne demanderais pas mieux, si je l’avais vu ; mais…

— Ah ! vous ne l’avez pas encore salué ? Venez, je me charge de vous présenter à lui… Mais non, ce n’est pas cela. Vous allez demander à Marguerite de vous le montrer, et aussitôt vous vous récrierez sur la beauté des traits du personnage. Ce sera naïf, spontané, et vaudra beaucoup mieux qu’un éloge préparé.

— Comment mon opinion, à supposer qu’elle fût sincère, aurait-elle la moindre influence sur l’esprit de votre nièce ?

— En Suède, quiconque a voyagé vaut deux, et même trois. Et puis vous ne savez donc pas que les jeunes filles ne s’y connaissent pas du tout, qu’elles sont guidées dans leur choix par l’amour-propre et non par la sympathie, de sorte que l’homme qu’elles se mettent à admirer le plus est toujours celui qui est le plus admiré des autres ? Tenez, voilà ma nièce assise au milieu d’autres jeunes personnes qui certainement voudraient bien pouvoir prétendre au baron ! C’est très-bon, qu’elle soit là. Je l’y laisserai ; mêlez-vous à leur caquet, et, pour que vous puissiez faire ce que vous m’avez promis, moi, je prendrai le bras du baron, et je passerai avec lui en vue de ce grave cénacle. Profitez du moment.