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fer, surmonter le froid et le chaud, la soif et la faim, les grandes souffrances aussi bien que les petits bobos. Le monde n’est pas, comme se l’imagine la jeunesse, un palais de fées où l’on vit pour son plaisir. C’est, tout au contraire, un lieu d’épreuves où tous les besoins, tous les désirs, toutes les répugnances doivent être surmontés avec un véritable stoïcisme… quand on a un but ! et quiconque n’a pas de but n’est qu’un sot personnage. Demandez à votre amoureux, Marguerite, s’il pense à ses petites aises, et s’il craint de se faire du mal quand il descend dans un gouffre pour y chercher ce qui est le but de sa vie ! Eh bien, sous les voûtes des palais aussi bien que dans les cavernes des mines, il y a des horreurs à braver. Celle de danser avec une petite douleur à la cheville est bien peu de chose auprès de tant d’autres que vous connaîtrez plus tard. Allons, levez-vous, et venez !

Marguerite adressa involontairement à Cristiano un regard douloureux, comme pour lui dire :

— Vous voyez, je ne serai jamais la plus forte !

— Offrirai-je mon bras à la comtesse Marguerite ? dit Cristiano à l’impérieuse tante ; elle boite en effet…

— Non, non, ce n’est qu’un caprice ! Vous verrez qu’elle ne voudra pas boiter, vu que c’est très-dis-