— Merci de la bonne opinion que vous avez de moi ! Peut-on savoir sur quoi vous la fondez ?
— Sur une dissimulation que je ne m’explique pas. Vous avez dépeint le baron Olaüs comme un monstre au physique et au moral…
— Pardonnez-moi, monsieur ; vous avez mal entendu. Je l’ai dépeint désagréable, effrayant ; je n’ai jamais dit qu’il fût laid.
— Et pourtant vous auriez pu le dire, car il est, à franchement parler, d’une laideur accomplie.
— À cause de sa physionomie dure et froide, c’est vrai ; mais tout le monde s’accorde à dire qu’il a de fort beaux traits.
— Les gens de ce pays ont une singulière manière de voir ! Enfin ne disputons pas des goûts ! Moi, je vois autrement. Je le trouve laid et mal tourné, mais d’un aspect comique et débonnaire…
— Vous vous moquez certainement, monsieur Christian Goefle, ou il y a ici un quiproquo. Dieu me pardonne, vos yeux désignent le personnage qui est en face de nous ! Serait-il possible que, dans votre opinion, ce fût là le baron de Waldemora ?
— Ne dois-je pas croire que le baron est celui qui parle de vous comme de sa fiancée, et que vous appelez gaiement votre amoureux ?
Marguerite éclata de rire.