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— Monsieur Christian Goefle, lui dit-elle en le regardant avec attention encore une fois, c’est étonnant comme vous ressemblez à monsieur votre oncle !

— On me l’a dit souvent, mademoiselle ; il paraît que c’est frappant !

— Je n’ai pas bien vu, et même je peux dire que je n’ai presque pas vu sa figure ; mais son accent, sa prononciation… c’est la même chose absolument !

— J’aurais cru pourtant avoir le timbre un peu plus frais ! répliqua Cristiano, qui avait eu soin au Stollborg de vieillir de temps en temps ses intonations.

— Oui, sans doute, dit la jeune fille, il y a la différence de l’âge, quoiqu’on puisse dire que monsieur votre oncle a encore un très-bel organe. Après tout, il n’est pas bien vieux, n’est-ce pas ? Il ne m’a pas paru du tout avoir l’âge qu’on lui donne. Il a des yeux magnifiques, et il est presque de votre taille…

— À peu de chose près, dit Cristiano en jetant un regard involontaire sur l’habit du docteur, en droit, et en se demandant si Marguerite le raillait ou l’interrogeait de bonne foi.

Il prit le parti de brusquer l’explication.

— Mon oncle et moi, dit-il, nous avons encore une autre ressemblance : c’est l’intérêt bien vif que nous portons à une personne de votre connaissance