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dans la foule (le local était plus vaste que les hôtes n’étaient nombreux), mais à travers des scènes assez animées, qu’il n’eut pas le loisir d’observer beaucoup. Craignant d’être interrogé avant d’avoir pu joindre celle qu’il cherchait, il passait d’un air affairé et d’autant plus fier qu’il sentait l’audace près de lui manquer. Et cependant, soit curiosité pour un hôte que personne ne connaissait, soit sympathie pour sa belle prestance et sa figure remarquable, dans tous les groupes qu’il côtoyait, il se trouvait des gens disposés à l’aborder ou à bien accueillir ses avances ; mais Cristiano éprouvait une sorte de vertige qui lui faisait interpréter en sens contraire les regards affables et les sourires bienveillants dont il était le but. Il passait donc vite, feignant de chercher ouvertement quelqu’un, et saluant avec une grâce aisée, qui ne lui coûtait rien, les gens qui se dérangeaient devant lui, mais sans trop oser les regarder.

Enfin il aperçut, en revenant dans la galerie dite des chasses, deux femmes qu’il reconnut aussitôt, l’une pour celle qu’il avait vue au Stollborg une heure auparavant, l’autre pour sa gouvernante ; cette supposition était assez bien fondée sur la toilette modeste, l’air timide et fin, et je ne sais quoi de français répandu dans l’aspect de mademoiselle Potin. Ceci était