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en attendant qu’ils s’étreignent pour s’étouffer mutuellement.

L’intérieur du baron Olaüs n’était que la copie un peu arriérée d’une réunion française au xviiie siècle, et cependant le baron haïssait la France et intriguait dans le sens de la politique russe ; mais, en Russie, on singeait aussi la France, on parlait français ; on avait à la cour les mœurs farouches et sanglantes de la barbarie, tout en s’essayant aux manières galantes et à l’esprit de notre civilisation. Le baron Olaüs suivait donc le courant irrésistible de l’époque. Plus tard, nous saurons son histoire. Revenons à Cristiano.

Quand il eut bien regardé les toilettes des femmes, qui lui parurent n’être que de quelques années en retard sur celles des dames françaises, et leurs figures, qui, sans être toutes belles et jeunes, avaient généralement une expression de douceur d’intelligence, il chercha à reconnaître, c’est-à-dire à deviner parmi les hommes la tournure et la physionomie du maître de la maison. Près du lieu d’où il observait toutes choses sans se mettre en évidence, deux hommes causaient à voix basse en lui tournant le dos. Involontairement Cristiano suivit leur conversation, bien qu’il n’y prît aucun intérêt personnel.

Ces deux hommes parlaient français, l’un avec l’ac-