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HÉLÈNE.

Tu es sûr ?

MARCUS.

Très-sûr. Voici la lettre de l’ami Fourvières, qui est là-bas, inquiet aussi pour son compte… Qu’est-ce que tu dis de ça ?

HÉLÈNE, lui rendant la lettre.

Ah ! pauvre Marcus ! Est-ce que ma bonne-maman le sait ?

MARCUS.

Il fallait bien le lui dire. Je ne sais pas si elle a bien compris. Elle a vu pourtant que je lui faisais mes adieux, et elle m’a mis dans la main son gros diamant que je te rapporte. Je ne veux rien, je suis de ceux que la pitié humilie.

Il remet d’autorité la bague au doigt d’Hélène.
HÉLÈNE.

Mais qu’est-ce que tu vas devenir ?

MARCUS, lui montrant la mer au loin.

Tu vois d’ici le chemin bleu que je vais prendre. J’irai sur les océans plus ou moins pacifiques, tâcher de faire une petite fortune.

HÉLÈNE.

Est-ce que tu sauras jamais faire fortune, toi ?

MARCUS.

Je suis trop ignorant et trop paresseux, n’est-ce pas ?

HÉLÈNE.

Je ne dis pas cela, mais tu n’as pas de spécialité. Puisque tu as ici un emploi dans les bureaux de la marine, pourquoi ne pas attendre ton avancement ?

MARCUS.

Parce que je manque de souplesse et de grâce pour me faire remarquer, je ne veux pas pourrir dans un bureau. J’ai accepté ce fade exercice pour avoir l’air occupé ; ta grand’mère le désirait je n’avais rien à lui refuser. Je comptais, par la