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peux ni adopter ni élever ma fille ? Vous vous trompez, Elsie, je jure qu’un moment de courage peut nous sauver tous trois. Ne rougissons plus d’une faute que le mensonge aggrave. N’usons plus nos forces à déplorer une faiblesse irréparable ; faisons-en une énergie, un devoir, un avenir nouveau. Sachez que votre mari aspire à rompre les liens qui vous unissent et qui, à votre insu, n’ont pas été régulièrement formés. Ne le trompez pas davantage. Allez chercher Hélène et fuyons ensemble. Fuyons tout de suite. Que votre amour maternel se ranime et je réponds de votre guérison, moi ! Aidez-moi à vous sauver, voilà tout ce que je vous demande.

ELSIE.

Eh bien, oui… Ah ! ma tête se trouble… Non ! J’ai peur !…

MAXWELL.

Que craignez-vous ? Ne savez-vous pas que, dès le premier jour, j’ai accepté toutes les conséquences de ma passion ? Ne vous ai-je pas cent fois offert ce que je vous demande à genoux maintenant ?… Doutez-vous de moi ? Ne suis-je pas un homme de résolution soudaine et d’éternel dévouement ? Allons, venez ! Hélène est encore là. Votre mari ne nous poursuivra pas, vous le savez bien ; vous savez bien qu’il aime ailleurs et qu’il ne daigne pas être jaloux ! (Le comte entre.) Vous savez bien qu’il ferme les yeux, ce Français philosophe, et qu’il ne veut pas se battre avec moi pour si peu de chose que son honneur conjugal et le cœur de sa femme !

LE COMTE.

Vraiment !…

Elsie jette un cri, s’affaisse en silence sur le canapé et s’évanouit.




Scène VI


LE COMTE, MAXWELL, ELSIE.


LE COMTE.

Ce Français philosophe aime ailleurs, en effet, et vous