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plus aux hérésies de la débauche, aux impudences de la matière ? Réveille-toi donc, Lélia, défends donc la vertu, si tu veux que je croie qu’il existe quelque chose qui s’appelle de ce nom !

— Parlez toujours, femme, répondit Lélia d’un ton sinistre. Je vous écoute.

— Enfin, qu’est-ce que Dieu nous impose sur la terre ? poursuivit Pulchérie. C’est de vivre, n’est-ce pas ? Qu’est-ce que la société nous impose ? C’est de ne pas voler. La société est ainsi faite, que beaucoup d’individus n’ont pas autre chose pour vivre qu’un métier autorisé par elle et par elle flétri d’un nom odieux, le vice. Savez-vous de quel acier il faut qu’une pauvre créature soit trempée pour vivre de cela ? De combien d’affronts on cherche à lui faire payer les faiblesses qu’elle a surprises et les brutalités qu’elle a assouvies ? Sous quelle montagne d’ignominies et d’injustices il faut qu’elle s’accoutume à dormir, à marcher, à être amante,