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que j’ai pour lui, dès qu’il souffre. Vous, vous ne souffrez jamais, vous n’avez pas besoin qu’on vous aime ainsi !

Je lui fis signe de revenir. Mais il était déjà trop loin. Il crut que je lui adressais un dernier adieu. Il y répondit et continua sa route. Alors, je pleurai, car je sentais le mal que je lui avais fait en le congédiant, et je priai Dieu, pour le lui adoucir, de lui envoyer, comme de coutume, la sainte poésie qui rend la douleur précieuse et les larmes bienfaisantes.

Alors, je le contemplai long-temps comme un point non perdu dans les profondeurs de la vallée, tantôt caché par un tertre, tantôt par un massif d’arbres, et puis reparaissant au-dessus d’une cataracte, ou sur le flanc d’un ravin. Et à le voir s’en aller ainsi lent et mélancolique, je cessais de le regretter, car déjà, pensais-je, il admire l’écume des torrens et la verdure des monts ; déjà il invoque Dieu, déjà il me place dans ses nuées, déjà il accorde la