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le regard curieux de notre siècle découvre le papyrus, mystérieux et sacré monument de l’éternelle puissance de l’homme, témoignage encore sombre mais incontestable de l’imposante durée de la création. Notre main avide déroule ces bandelettes embaumées, frêles et indissolubles linceuls devant lesquels la destruction s’est arrêtée. Ces linceuls où l’homme était enseveli, ces manuscrits qui reposaient sous des côtes décharnées à la place de ce qui fut peut-être une ame, c’est la pensée humaine, énoncée par la science des chiffres et transmise par le secours d’un art perdu pour nous et retrouvé dans les sépultures de l’Orient, l’art de disputer la dépouille des morts aux outrages de la corruption qui est la plus grande puissance de l’univers. Ô Lélia, niez donc la jeunesse du monde, en le voyant s’arrêter ignorant et naïf devant les leçons du passé et commencer à vivre sur les ruines oubliées d’un monde inconnu !

Savoir, ce n’est pas pouvoir, répondit