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la vie ne me décourage plus, car je m’imagine alors que je puis te la donner ; mais quand tu t’enhardis, quand tu me demandes plus qu’il n’est en moi de sentir, je perds l’espoir, je m’effraie d’aimer et de vivre. Je souffre et je regrette de m’être abusée une fois de plus.

— Pauvre femme ! dit Sténio, vaincu par la pitié.

— Oh ! ne peux-tu rester ainsi craintif et palpitant sous mes caresses ! lui dit-elle, en attirant encore sa tête sur ses genoux. Tiens, laisse-moi passer ma main autour de ton cou blanc et poli comme un marbre antique, laisse-moi sentir tes cheveux si doux et si souples se rouler et s’attacher à mes doigts. Comme ta poitrine est blanche, jeune homme ! Comme ton cœur y bat rude et violent ! C’est bien, mon enfant ; mais ce cœur renferme-t-il le germe de quelque mâle vertu ? Traversera-t-il la vie sans se corrompre ou sans se sécher ? Voici la lune qui monte au-dessus de toi et réfléchit son rayon