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pelé cette heure de trouble et de transports ; il se méprisa pour la pusillanime timidité qui l’arrêtait, et s’abandonnant à un élan qui avait quelque chose de vorace et de fauve, il maîtrisa la femme à son tour, il l’étreignit dans ses bras, il colla sa bouche à cette bouche douce et molle dont le contact l’étonnait encore… Mais Lélia, le repoussant tout-à-coup, lui dit d’une voix sèche et dure :

— Laissez-moi, je ne vous aime plus !

— Sténio tomba anéanti sur les dalles de la terrasse. C’est alors que réellement il se crut près de mourir en sentant le froid du désespoir et de la honte étrangler tout-à-coup cette rage d’amour et cette fièvre d’attente.

Lélia se mit à rire ; la colère le ranima, il se releva, et délibéra un instant s’il ne la tuerait pas.

Mais cette femme était si indifférente à la vie, qu’il n’y avait pas plus moyen de se venger d’elle que de l’effrayer. Sténio essaya