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pas ; mais Dieu a mis un peu de lui en toi. Montre-moi ce que ton ame en possède, il me semble qu’une aspiration bien ardente de cette ame vers la mienne, il me semble qu’une prière bien fervente que tu m’adresserais me donnerait la force de vivre. La force de vivre ! Oui ! il ne s’agit que de le vouloir. Mon mal consiste, Sténio, à ne pouvoir pas trouver en moi cette volonté. — Tu souris, Trenmor ! Va-t’en. — Hélas ! Sténio, ceci est vrai, j’essaie de résister à la mort, mais j’essaie faiblement. Je la crains moins que je ne la désire, je voudrais mourir par curiosité. Hélas ! j’ai besoin du ciel, mais je doute… et, s’il n’y a point de ciel au-dessus de ces étoiles, je voudrais le contempler encore de la terre. Peut-être, mon Dieu ! est-ce ici-bas seulement qu’il faut l’espérer ? Peut-être est-il dans le cœur de l’homme ?… Dis, toi qui es jeune et plein de vie, l’amour est-ce le ciel ? Vois comme ma tête s’affaiblit, et pardonne cet instant de délire. Je