Page:Sand - Lélia, édition Dupuy-Tenré, 1833, tome 1.djvu/137

Cette page a été validée par deux contributeurs.

où notre cœur bat plus vite, où notre ame s’élance hors de nous et brise tous les liens de la volonté pour aller chercher une autre ame où se répandre ? Combien de fois, à l’entrée de la nuit, au lever de la lune, aux premières clartés du jour, combien de fois, dans le silence de minuit et dans cet autre silence de midi si accablant, si inquiet, si dévorant, n’ai-je pas senti mon cœur se précipiter vers un but inconnu, vers un bonheur sans forme et sans nom, qui est au ciel, qui est dans l’air, qui est partout comme un aimant invisible, comme l’amour ! Et pourtant, Sténio, ce n’est pas l’amour ; vous le croyez, vous qui ne savez rien et qui espérez tout ; moi qui sais tout, je sais qu’il y a au-delà de l’amour des désirs, des besoins, des espérances qui ne s’éteignent point ; sans cela que serait l’homme ? Il lui a été accordé si peu de jours pour aimer sur la terre !

Mais, à ces heures-là, ce que nous sentons est si vif, si puissant, que nous le répandons