Page:Sand - Journal d’un voyageur pendant la guerre.djvu/87

Cette page a été validée par deux contributeurs.

de le juger. Les opinions sont si divisées qu’en voulant faire pour le mieux on doit se heurter à tout et peut-être heurter tout le monde.

Le beau temps, qui est aujourd’hui synonyme de temps maudit, continue à tout dessécher. L’eau est encore plus rare ici qu’à Saint-Loup ; on va la chercher à une demi-lieue sur une côte rocheuse où les chevaux ont grand’peine à monter et à descendre les tonneaux. Nous l’économisons, quoiqu’elle ne le mérite guère ; elle est blanche et savonneuse.

Promenade dans les ravins. Je craignais de les trouver moins jolis d’en bas que d’en haut. Ils sont charmants partout et à toute heure : c’est un adorable pays. Après avoir longé la rivière, nous avons remonté au manoir par un escalier étourdissant : une centaine de mètres en zigzag, tantôt sur le roc, tantôt sur des gradins de terre soutenus par des planches, tantôt sur de vieilles dalles avec une sorte de rampe ; ailleurs un fil de fer est tendu d’un arbre à l’autre en cas de vertige. À chaque étage, de belles