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tout bas de brutes n’oseraient les braver ouvertement. Il n’y ferait pas bon.

Il y a bien eu quelques menaces dans quelques communes d’alentour. Dans la nôtre et dans les plus voisines, nous savons qu’il y a eu accord et engagement pris d’observer le plus grand calme, de n’échanger avec personne un seul mot irrité ou irritant, de ne pas s’enivrer, de partir tous ensemble et de revenir de même, sans se mêler à aucune querelle, à aucune discussion. Ils ont tous leur bulletin en poche. Ceux qui ne savent pas lire connaissent au moins certaines lettres qui les guident, ou, s’ils ne les connaissent pas, ils en remarquent la forme et l’arrangement avec la sûreté d’observation qui aide le sauvage à retrouver sa direction dans la forêt vierge. Ils ne disent jamais chez nous d’avance pour qui ils voteront, ils se soucient fort peu des noms propres à l’heure qu’il est. Ils ne connaissent pas plus que moi les candidats qui passent pour représenter leur opinion. S’ils font quelques questions, c’est sur la profession