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les jours d’agitation et se retrouver coude à coude avec les hommes d’honneur, qu’ils traiteront de frères et d’amis, au grand déplaisir de ces derniers. Ces éléments antipathiques que réunissent les situations violentes sont une prompte cause de dégoût et de lassitude pour les hommes qui se respectent. M. Gambetta, honnête homme lui-même, éclairé plus tard par l’expérience de la vie, sera tellement mortifié du noyau qui lui restera, qu’il aura peut-être autant de soif de l’obscurité qu’il en a maintenant de la lumière. En attendant, nous qui subissons le poids de ses fautes et qui le voyons aussi mal renseigné sur les chances d’une guerre à outrance que l’était Napoléon III en déclarant cette guerre insensée, nous ne sourions pas à sa fortune présente, et, n’était la politesse, nous ririons au nez de ceux qui s’en font les adorateurs intéressés ou aveugles.

C’est un grand malheur que ce Gambetta ne soit pas un homme pratique, il eût pu acquérir une immense popularité et réunir dans un même