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C’était le cri de douleur d’hommes très-généreux, mais quand cette conviction passe à l’état de doctrine, elle fait frissonner. C’est toujours le projet d’égorger la mère pour la rajeunir. Grâce au ciel, le fanatisme ne sauve rien, et l’alchimie politique ne persuade personne. Non, la France n’est pas méprisable parce que vous la méprisez ; vous devriez croire en elle, y croire fermement, vous qui prétendez diriger ses forces. Vous vous présentez comme médecins, et vous crachez sur le malade avant même de lui avoir tâté le pouls. Tout cela, c’est le vertige de la chute. Il y a bien de quoi égarer les cerveaux les plus solides, mais tâchons de nous défendre et de nous ressaisir. Républicains, n’abandonnons pas aux partisans de l’Empire la défense du principe d’affranchissement proclamé par nous, exploité par eux ; ne maudissons pas l’enfant que nous avons mis au monde, parce qu’il a agi en enfant. Redressez ses erreurs, faites-les lui comprendre, vous qui avez le don de la parole, la science des faits, le sens de la vie pratique. Ce n’est pas aux