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treuse était dans une situation déplorable, à qui la faute ? Si les armements qu’on y a accumulés avec tant de peine et de dépense tombent entre les mains de l’ennemi, quels conseils a donc pris ce jeune orateur, qui s’est imaginé apparemment, un beau matin, être le général Bonaparte ? On a lieu de craindre qu’il ne soit que Napoléon IV.

Il s’en lave les mains, le public appréciera ! — Il y aura donc un public seul compétent pour juger entre sa science militaire et celle d’un général qu’hier encore il nous donnait comme une trouvaille de son génie ! Ou vous vous êtes cruellement trompé hier, ou vous vous trompez cruellement aujourd’hui. C’est un aveu d’ignorance ou d’étourderie que votre emphase ne vous empêche pas de faire ingénument. Je ne sais ce qu’en pensera le public, mais je sais que les familles en deuil ne vous jugeront pas avec indulgence. Général, vous seriez mis à la retraite par le chef du gouvernement ; chef du gouvernement, vous vous conservez au pouvoir : voilà des inconséquences qui coûtent cher à la France !