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c’est la race calme ou craintive dont à mes yeux le tort et le malheur sont de manquer d’idéal ou de s’y refuser de parti pris, car tout Français est idéaliste malgré lui. Dans le bien et le vrai, comme dans le faux et le mauvais, tout Français poursuit un rêve et aspire à un progrès approprié à sa nature ; tout Français se lasse vite du possible immédiat et cherche vers l’inconnu une route plus sûre que celle qu’il a parcourue ; tout Français veut être bien d’abord, mieux ensuite et toujours mieux.

Mais personne ne se connaît, et les innombrables tempéraments qui se rattachent au maintien de l’ordre à tout prix repoussent en principe les innovations qu’ils cherchent en fait. Pourquoi les traiter d’ennemis quand ils ne sont que des attardés ? Si vous savez fonder une société qui contienne les mauvaises ambitions sans froisser les aspirations légitimes, vous rallierez à vous tout ce qui mérite d’être rallié ; cela était possible au début de la révolution actuelle. Cet appel à tous au nom de la patrie en