Page:Sand - Journal d’un voyageur pendant la guerre.djvu/154

Cette page a été validée par deux contributeurs.

perdu, que ce soit vertige de terreur ou de témérité, ne me paraît pas fort sage. Il vaudrait mieux tâcher de se retenir ou de couler doucement au fond. Paris est peut-être pris du vertige de l’audace à l’heure qu’il est. C’est beau, c’est généreux ; mais n’est-ce pas la fière et mâle expiation d’une immense faute commise au début ? Ne fallait-il pas, tout en acclamant la république à l’Hôtel-de-Ville, demander à la France de la proclamer ? Elle l’eût fait en ce moment-là. Les membres ne sont pas si éloignés du cœur qu’ils résistent à son élan. On avait quelques jours encore à employer avant l’investissement, et on eût pu arrêter l’ennemi aux portes de Paris en lui faisant des propositions au nom de la France constituée. Il eût consenti à ce qu’elles fussent ratifiées par le vote des provinces envahies.

On n’avait pas le temps, dit-on ; il fallait préparer la défense. Puisqu’on avait élu un gouvernement spécialement chargé de ce soin d’urgence extrême, il fallait laisser le pays légal