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férence ; ils repoussent avec une colère maladive tout examen historique, toute déduction philosophique, si élémentaire qu’elle soit. On pourrait dire des républicains d’aujourd’hui qu’ils sont comme les royalistes de la Restauration : ils n’ont rien oublié et rien appris. Quelques-uns s’en font gloire, ce sont de véritables enfants en philosophie, quoique d’ailleurs gens de cœur et d’esprit. J’en sais même qui sont hommes de mérite, d’étude et de discussion ingénieuse ; ceux-là deviennent forcément la proie d’une habitude de paradoxe déplorable. On ne sait quoi leur répondre, on ne sait s’ils parlent sérieusement ; on les écoute avec stupeur. Ils prétendent vouloir que l’homme soit complètement libre, et que le vote du dernier idiot soit librement émis ; mais ils veulent en même temps que les mesures dictatoriales soient acceptées sans murmure, et ils repoussent l’idée d’en appeler au suffrage universel dans les temps de crise. On leur demande si la liberté n’est bonne que quand il n’y a rien à faire pour elle. Ils ne peu-