Page:Sand - Journal d’un voyageur pendant la guerre.djvu/145

Cette page a été validée par deux contributeurs.

pas. Il fait très-froid ; nous n’avons pas d’automne. Comme nos soldats vont souffrir !


Jeudi 3.


On ne parle que de Bazaine. On l’accuse, on le défend. Je ne crois pas à un marché, ce serait hideux. Non, je ne peux pas croire cela ; mais, d’après ce que l’on raconte, je crois voir qu’il a espéré s’emparer des destinées de la France, y tenir le premier rôle, qu’à cet effet il a voulu négocier, et qu’il a gratuitement perdu une partie mal jouée. Pourtant que sait-on des motifs de son découragement ? Quelles étaient ses ressources ? Le gouvernement est-il éclairé à fond ? Il passe outre, sans insister sur ses accusations, sans les rétracter. M. Gambetta a une manière vague et violente de dire les choses qui ne porte pas la persuasion dans les esprits équitables. J’ai lu de très-beaux et bons discours de l’orateur ; le publiciste est déplorable. Il est verbeux et obscur, son enthousiasme a l’expression vul-