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drait que la France non envahie fût encouragée et protégée pour être à même de secourir la France envahie. On vote des impôts considérables, c’est très-juste, très-nécessaire ; mais on laisse tant d’intérêts en souffrance, on enlève tant de bras au travail, qu’après une année de récolte désastreuse et la suspension absolue des affaires, on ne sait pas avec quoi on payera.

Le gouvernement de la défense semble condamné à tourner dans un cercle vicieux. Il espère improviser une armée ; il frappe du pied, des légions sortent de terre. Il prend tout sans choisir, il accepte sans prudence tous les dévouements, il exige sans humanité tous les services. Il a beaucoup trop d’hommes pour avoir assez de soldats. Il dégarnit les ateliers, il laisse la charrue oisive. Il établit l’impossibilité des communications. Il semble qu’il ait des plans gigantesques, à voir les mouvements de troupes et de matériel qu’il opère ; mais le désordre est effroyable, et il ne paraît pas s’en douter. Les ordres qu’il donne ne peuvent pas être exécutés.